Coups de coeur du mois de Mars
Coups de coeur de Mars
Les amis de Pancho Villa
© Léonard Chemineau / James Carlos Blake / Rivages/Casterman/Noir |
Titre : Les amis de Pancho Villa Scénariste : Léonard Chemineau Dessinateur : Léonard Chemineau / James Carlos Blake Editeur : Rivages / Casterman / Noir Date d'édition : 14 mars 2012 |
PITCH DE L'EDITEUR Chihuahua, Mexique, 1910. |
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1910.
Alors que les prémisses de la révolution mexicaine s’intensifient…
… Pancho Villa se rallie à Francisco Madero dans la lutte contre la dictacure de Porfirio Diaz…
… et Rodolfo Fierro, brute épaisse sans foi ni loi, sort de la prison de Chihuahua où il coulait des jours heureux et insouciants.
De fil en aiguille, de meurtre en meurtre, d’atrocité en atrocité, il atterrit dans le cercle des fidèles de Pancho Villa et mène à ses côtés les révoltes paysannes dans le nord du pays.
© Léonard Chemineau / James Carlos Blake / Rivages/Casterman/Noir
Les frasques, les ambitions, les doutes et les caprices de Rodolfo Fierro, le héros-narrateur, et de Pancho Villa retracent les grandes étapes de la révolution mexicaine : la chute de Porfirio Diaz, la constitution des groupes révolutionnaires menés par Pancho Villa, au Nord et Emiliano Zapata, au Sud, l’assassinat de Madero en 1913 et l’instabilité politique qui s’en suit. James Carlos Blake est un spécialiste de la révolution mexicaine et Léonard Chemineau l’a brillamment relayé.
Le récit est sans pitié avec l’histoire et avec les figures emblématiques de la révolution mexicaine, forgées dans l’exaltation abrutie de la révolution : Pancho Villa, plus avide d’argent et de femmes que de révolution et Rodolfo Fierro, très justement surnommé « el carnicero » traînent derrière eux un ramassis de gredins, de vauriens et de brutes sans cervelle. Et… leur plus fidèle compagnon, la mort, qui cristallise l’évolution de la psychologie des deux principaux personnages et le désenchantement d’une révolution sanguinaire qui ne mène nulle part.
© Léonard Chemineau / James Carlos Blake / Rivages/Casterman/Noir
« C’est une des choses les plus fascinantes dans cette histoire. Il y a l’état psychologique des personnages au début et comment cet état évolue au fil de l’album. Pancho Villa, au début, c’est un bandit de grand chemin. Il n’a pas dans l’idée de faire une révolution. Ce qui l’intéresse, c’est l’argent. Puis, il comprend que son pays est en danger et que lui peut changer les choses. Il prend le pouvoir. Il évolue et Rudy, le héros de l’histoire, fait pareil. Au début de la BD, il n’est pas vraiment acteur de sa vie. C’est un bandit de grand chemin au Mexique. Il croise la route de Pancho Villa qui, lui, a trouvé son idéal. Il suit cette force vive qui va les emmener jusqu’à Mexico… Ils ont tous une psychologie différente mais ils sont tous intéressants à faire vivre. En outre, ils ont un autre rapport à propos de la vie et de la mort que nous européens. La mort ne leur fait pas peur… » Léonard Chemineau *
Seul hic, c’est un poil trop dense, tant en aventures qu’en tranches d’histoire ; on regretterait presque que le récit s’achève aussi vite.
Chapeau bas donc à Léonard Chemineau (qui réalise là sa première bande dessinée) pour sa narration palpitante et son excellent dessin.
Belle reconversion de cet ingénieur spécialisé dans l’environnement et le développement durable….
* Interview réalisée par Graphivore
Notre Dame T1 – Le jour des fous
© Robin Recht / Jean Bastide / Glénat |
Titre : Notre-Dame - Tome 1 - Le jour des fous Scénariste : Robin Recht Dessinateur : Jean Bastide Editeur : Glénat Date d'édition : 28 mars 2012 |
PITCH DE L'EDITEUR
L'histoire, nous la connaissons tous : dans le Paris grouillant du XVe siècle, une magnifique et jeune gitane danse sur le parvis de la cathédrale Notre Dame de Paris. La beauté d'Esmeralda est son trésor, mais elle causera aussi sa perte. En effet, l'archidiacre de Notre Dame, Claude Frollo, s'éprend éperdument de la belle, et tente de la faire capturer par son sonneur de cloche, le bossu Quasimodo. Il est mis en échec par le flamboyant capitaine Phoebus, qui lui aussi est attiré par Esmeralda, bien qu'étant déjà fiancé à la douce Fleur-de-Lys… Pris entre les désirs coupables de ces trois hommes, le destin d'Esmeralda ne peut plus désormais avoir d'issue heureuse… Robin Recht et Jean Bastide ont choisi de s'approprier ce roman universel de Victor Hugo en une série de trois tomes. Tout dans leur version fait honneur au texte immortel : la fluidité de la narration et la mise en scène, la peinture du Paris du Moyen Âge ainsi que la justesse des visages des protagonistes. Une très belle occasion de redécouvrir ce roman, par les yeux de deux jeunes auteurs éminemment talentueux. |
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Pour assouvir la curiosité capricieuse de sa petite- fille, le vieux Pierre Gringoire plonge dans ses souvenirs et lui raconte ses extravagances de jeune poète un peu bonhomme et sans le sou. Il se souvient du jour où il croisait les inénarrables charmes d’une jeune bohémienne dénommée Esméralda.
La suite… vous la connaissez, sans l’ombre d’un doute… Mais que cela ne vous empêche pas de découvrir l’adaptation de Robin Recht et de Jean Bastide.
Car c’est un réel plaisir de voir prendre forme les aventures de l’envoûtante Esmeralda, de ce bossu de Quasimodo, de l’archidiacre Claude Frollo et du capitaine Phoebus…
La narration est extrêmement bien rythmée - exception faite, si l’on est impitoyable, d’une longueur très vite oubliée. Le graphisme, impeccable, est un vrai régal : on ne finit plus de se délecter de la mise en scène du Paris grouillant du XVème siècle et des visages des protagonistes.
Première collaboration très réussie de ces deux auteurs talentueux : Robin Recht nous avait déjà régalé dans la préquelle du Troisième Testament, Julius, et Jean Bastide, dans La Guerre des Sambre.
Patience, patience pour les deux tomes à suivre.
Et la bande-annonce, incontournable...
NOTRE-DAME T1 / Bande-annonce par GLENATBD
Tramp T10 – Le cargo maudit
© Kraehn / Jusseaume / Dargaud |
Titre : Tramp - Tome 10 - Le cargo maudit Scénariste : Kraehn Dessinateur : Jusseaume Editeur : Dargaud Date d'édition : 21 janvier 2012 |
PITCH DE L'EDITEUR
Yann Calec est un officier de la marine, considéré comme forte tête, à qui un armateur véreux offre le commandement du Belle-Hélène. Mais ce cadeau se révélera vite empoisonné, le paquebot étant condamné par avance pour une sombre histoire d'assurance. la secrétaire de l'armateur, devenue la petite amie de Calec, n'aura guère le temps de le prévenir du danger qu'il encourt. Le second du Belle-Hélène, un certain René Floss, est à l'affût, prêt à éliminer les témoins gênants... |
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Ancien officier de marine, le héros de la série Tramp, Yann Calec, met à profit un héritage pour se mettre à son compte et achète un vieux cargo. Le « Pierrick » affronte alors son destin capricieux : une tragique et invraisemblable série d’événements semblent le retenir au port et l’appareillage n’a de cesse d’être retardé.
Un cadavre dans les soutes du navire…
… un capitaine bien plus hanté par l’appel du rhum que par l’appel du grand large…
… un charpentier un peu trop inquiétant…
… une grève bien malvenue.
A croire que le cargo est maudit.
Et si vous croyez que Tramp est réservée aux aficionados d’aventures en mer, détrompez-vous. Certes, l’argot marin et la compétence technique des auteurs en surprendront plus d’un (du moins, l’ignare que je suis en la matière l’a été). Mais ce tome-ci est avant tout un vrai polar bien ficelé qui se laisse dévorer.
Et le graphisme de Patrick Jusseaume nous fait glisser dans une atmosphère réellement angoissante.
A noter, pour ceux qui seraient découragés par la mention d’un dixième tome : nul besoin de lire les neuf premiers, ce tome 10 est un épisode complet qui se lit comme un polar.
A noter toutefois : ce dixième tome vous donnera envie de lire les neuf premiers : difficile donc d’y échapper !
Clair obscur dans la vallée de la lune
© Montgermont / Alcalante / Aire Libre |
Titre : Clair-obscur dans la vallée de la lune Scénariste : Alcante Dessinateur : Montgermont Editeur : Dupuis / Aire libre Date d'édition : 2 mars 2012 |
PITCH DE L'EDITEUR
José Suarez, guide touristique dans les haut-plateaux du Chili, est un homme sombre, rongé par un secret qui l'empêche de vivre et d'aimer. Sa rencontre avec Joan, une touriste américaine, va changer sa vie. Une aventure bouleversante au coeur des somptueux paysages d'un pays au passé douloureux. |
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Croisement de deux personnages méchamment abîmés par la vie.
Elle, touriste américaine, solitaire, qui s’enivre de voyages pour y puiser l’oubli anesthésiant d’un passé mystérieusement douloureux.
Lui, guide touristique dans les hauts-plateaux chiliens. Sombre, glacial, maladivement hanté par les fantômes d’un passé marqué au fer rouge par la dictature du général Pinochet.
Une rencontre toute en silence et en non-dits dans les décors majestueux de la vallée de la Lune.
Des paysages sublimes, on ne rêve que d’y aller aussitôt ce bel album refermé.
Animal lecteur T3 – On ne peut pas tout lire - Sergio Salma & Libon
© Sergio Salma / Libon / Dupuis
Pour finir un peu de légèreté… et d’auto-dérision.
Vous avez sans doute croisé, dans un rayon de librairie, dans la pénombre d’une bibliothèque, adossé aux étagères, assis par terre, une BD à la main… cet étrange animal qu’est le lecteur de bande dessinée. Surréaliste bête aux cocasses manies, au langage encore méconnu (ouanechotte, et autres malheureuses formulations), aux maladives obsessions (mais pourquoi il est mort, Lapinot , ho !)….
Autrement plus ubuesque dans cette jungle de bulles, le libraire… Malheureux maillon de la chaîne alimentaire, harcelé par cette nouvelle race de lecteurs en voie de prolifération, submergé par les quatre mille et quelques nouvelles BD chaque année, à lire, stocker, ranger, transporter, critiquer…
Bref, une série de strips hilarants qui raconte l’envers du décor d’une librairie de BD peuplée d’étranges lecteurs…. Et le destin invraisemblable des libraires.
On rit de bon cœur, surtout lorsqu’on se reconnaît dans l'une des nombreuses espèces saugrenues de lecteurs … le passionné, le capricieux, l’exigeant, l’indécis, l’amateur, l’ignare, le squatteur, ou tout simplement le chieur. Et vous sourirez sans nul doute la prochaine fois que vous croiserez le regard de votre libraire préféré. Car soyez certains qu'il a lu ce charmant album.
C’est sans pitié.
Petite note : les tomes se lisent comme des séries de strips, donc encore une fois, inutile d’avoir lu les deux premiers pour se régaler devant le troisième.