Jack l'éventreur a encore frappé !

 


Jack l'éventreur a encore frappé !


 


Encore une BD....

Pourquoi diable le 9ème art s’attache-t-il avec cette maladive obstination à résoudre le mystère qui entoure Jack l’éventreur ?

 

Elémentaire, mon cher Watson...

 

D'abord... les faits historiques !

1888, Londres.

Cinq prostituées, Mary Nichols, Annie Chapman, Elizabeth Stride, Catherine Eddowes et Mary Kelly sont assassinées.

Gorges tranchées, corps éventrés, cadavres éviscérés…

Une œuvre sanguinaire dont l'apothéose se fige sur le meurtre de Mary, atrocement démembrée et éviscérée avec la précision d'un chirurgien.

En une poignée de nuits londoniennes, Jack l’éventreur révolutionne l’horreur criminelle et plonge le quartier de Whitechapel dans la terreur.

 

Ensuite… le décor !

Celui de Whitechapel, fin du XIXème siècle, atroce dédale de ruelles sordides où détresse, histoires crasses et misère ont élu domicile, à l’ombre des quartiers chics londoniens.

C'est le Londres de Dickens. Foyer ô combien propice à la création artistique et qui trouve dans la bande dessinée une transcription toute naturelle.

« Whitechapel ne fait pas partie de la société. C’et totalement différent. Les gens là-bas, on ne peut pas les contrôler. COMMENT peut-on menacer quelqu’un qui vit déjà dans les pires conditions ? Ils n’ont pas de moralité, là-bas, ni de codes. Ils n’en ont pas les MOYENS : c’est ça le pire. C’est comme s’ils vivaient à une autre époque. Une époque animale, avant que nous ne soyons devenus des hommes. Il y a quelque chose en eux, Emma, dans leur saleté, quelque chose dont on ne peut pas détourner les yeux et c’est dangereux. Ca vous attire. On a l’impression de se noyer. » Alan Moore

 

Et surtout… le mystère !

L’histoire ne nous livre aucun coupable, aucun mobile, aucune sentence, malgré les enquêtes opiniâtres.

Ne reste qu'un fantôme de meurtrier présentant une rigueur toute scientifique dans la découpe de ses victimes… mais une irrationalité qui frôle la démence : un brin de magie noire, un dernier meurtre d’une violence furieuse, des actes perpétrés en fonction du calendrier lunaire, une lettre intitulée From Hell accompagnée d’un rein humain…

Autant d'éléments qui ont donné naissance à moultes légendes urbaines et littéraires...

« A cette époque, Londres était en émoi à propos des exploits de Jack l’eventreur. Une théorie concernant le mobile de l’assassin était qu’il accomplissait une Opération afin d’obtenir la Suprême Puissance de la Magie Noire. » The Confessions of Aleister Crowley 

Le caractère surnnaturel de l'affaire et l'impuissance des enquêteurs et de la raison face à la démence meurtière ont tout naturellement enfanté des théories et des adapations fantastiques permettant de dénouer l'énigme. 

 

Un bien beau cocktail de légende urbaine, de mystère et de suspense qui inspirerera encore longtemps les auteurs de BD.

Les quatre BD présentées ici mêlent habilement réalité historique, légendes urbaines et héritage littéraire et nous livrent quatre sympathiques lectures :

From Hell, l'excellent pavé d'Alan More et Eddie Campbell, qui, il faut bien l'avouer, exige une attention coriace. La BD à l'origine du film éponyme s'appuie sur l'hypothèse d'une royale conspiration visant à protéger la reine Victoria des scandales liés à la douteuse morale de son petit-fils.

Peter Pan de Régis Loisel... un univers fantastique et onirique accompagné d'une sombre poésie. Cette série de six albums se présente comme la genèse du roman de Sir James Matthew Barry et vise à éclaircir le mystère des origines du personnage de Peter Pan. Alors que le petit garçon vit avec une mère alccoolique et prostituée, au coeur des taudis londoniens... l'ombre de Jack l'éventreur plane sur la ville. Et Peter Pan pourrait bien ne pas y être étranger...

Les liens de sang, premier album - paru le mois dernier - du diptyque Jack l'éventreur, de François Debois et Jean-Charles Poupard, recentre le récit sur le personnage de l'inspecteur Abberline, personnage hsitorique en charge de l'enquête au moment des faits. Alors que ce dernier n'est qu'un pantin de la famille royale dans From Hell, il est ici au coeur de l'enfer, un enfer psychologique puisque le premier tome laisse pressentir un lien entre l'affaire du tueur en série et les balbutiements de la psychologie concentrés dans l'oeuvre de R.L. Stevenson, Dr. Jekyll & Mr. Hyde (1886).

Enfin, le tout nouveau Van Helsing contre Jack l'éventreur, sorti cette semaine en librairie.... rencontre entre Van Helsing, chasseur de vampire, personnage de papier créé par Bram Stoker, et Jack l'éventreur...

 

 

From Hell - Alan Moore & Eddie Campbell

 

© Alan Moore / Eddie Campbell / Delcourt

Titre : From Hell

Scénariste : Alan Moore

Dessinateur : Eddie Campbell

Editeur : Delcourt

Date d'édition : 23 décembre 1999

 

PITCH DE L'EDITEUR

Pour faire face à un chantage concernant la naissance d'un enfant né de l'union inavouable d'un petit-fils de la famille royale et d'une prostituée, la Reine Victoria dépèche son médecin, William Gull, afin de régler ce problème. Celui-ci, tout en suivant les ordres de la Reine, va néanmoins poursuivre ses propres plans. Les meurtres atroces qu'il va commettre à Whitechapel durant l'automne 1888 défrayeront la chronique. Le mystérieux assassin, surnommé Jack l'éventreur, ne sera jamais identifié par la police. Les crimes qu'il commet auront pour Gull/Jack l'éventreur une portée telle qu'ils provoqueront chez lui des visions terrifiantes d'un XXe siècle froid et inhumain.

 

Une véritable autopsie de Jack l'éventreur ! 

La quarantaine de pages de notes et de références bibliographiques qui clot ce récit de 600 pages témoigne de l'immense travail des auteurs et de l'indéniable ancrage du récit dans la réalité historique.

 

Le scénariste Alan Moore a fait le choix d'exploiter l'hypothèse émise par Stephen Knight dans Jack the Ripper: The final solution.

Edwards, petit-fils de la reine Victoria, adulte garnement aux moeurs plutôt légères fait un mauvais mariage dans Whitechapel et, de surcroît, un enfant...

Au même moment, William Gull, émérite chirurgien en pleine ascension sociale, intègre les rangs de la franc-maçonnerie et laisse transparaître d'infimes traces de démence.

« Moi, William W. Gull, en la présence du Grand Architecte de l’Univers, je jure solennellement de toujours chérir, dissimuler et ne jamais révéler les mystères des Maçons Francs et Admis… sous peine de voir ma gorge tranchée, ma langue arrachée à la racine et d’être enterré dans le sable à une encablure de la grève… où la mer monte et descend régulièrement… deux fois en vingt-quatre heures. »

 

William Gull est missioné par la reine en personne pour étouffer les frasques du jeune Prince et éviter un royal scandale : faire taire ces quatre prostituées qui ont l'audace de faire chanter la famille royale.

« Nous vous laissons le choix des moyens, Sir William. Nous souhaitons seulement que cela soit fait, et bien fait. »

 

La solution de l'énigme est donc dévoilée dès la première partie du récit. Mais ce n'est pas tant sa résolution qui est ici palpitante... que la lente et démentielle descente aux enfers du meurtrier, William Gull.

D'emblée, les auteurs nous plongent littéralement dans le cerveau et le regard du meurtrier.

Les premiers chapitres du récit sont consacrés à la longue déambulation nocturne de William Gull dans le labyrinthe et la noirceur des rues londoniennes : le chirurgien retrace, au fil des ses ballades, les racines historiques et mythologiques de la ville de Londres. Le récit se clot sur les dernières visions de William Gull, mourant, s'élevant dans les cieux au-dessus de la cité, échappant à l'emprise de la ville et du temps...

"Je suis Dieu"

Tandis que le meurtrier charcute et dissèque les corps de ses victimes, les auteurs procèdent à une minutieuse dissection de la psychologie du personnage.

 

Les faits historiques et les protagonistes sont restitués avec une infinie précision : policiers, prostituées, journalistes.... le tout a été étudié en profondeur. Les auteurs dessinent un gigantesque puzzle où se rencontrent, de façon totalement inatendue mais intensèment documentée, Jack l'éventreur, les origines mystiques de la franc-maçonnerie, Oscar Wilde, James Hinton (auteur de la théorie de la quatrième dimension), Elephant Man, R.L. Stevenson, William Blake, la reine Victoria, ...

 

Quant à la mise en scène : dans un noir et blanc magistral, à grands coups de hachures sombres et resserées, c'est tout l'univers angoissant de Whitechapel et la démence muette du meurtrier qui prennent vie.

 

Les auteurs osent de nombreux plans fixes autour des cadavres qui alimentent l'angoisse et le suspense dans le silence et la mort nocturnes. Autour du cadavre, le meurtrier s'adonne à ses rites chirurgicaux, la nuit profonde s'installe, la ville s'éveille, les badauds accourent et les enquêteurs s'activent...

Le résultat est cru, extrêmement cru : les sordides scènes sexuelles ne nous sont pas épargnées, les morbides scènes de meurtre s'étalent sur des dizaines de glauques planches muettes.

 

Au final, il faut avouer que cette BD n'est certainement pas des plus abordables.

Outre le récit très dense qui s'étale dans 600 pages de dessins et de dialogues très resserés, la mise en scène est extrêmement sombre, glauque, sordide. Les scènes sexuelles sont crues ; la scène du meurtre final serait, au cinéma, intolérable ; les personnages, dessinés dans la lumière blafarde des ruelles londoniennes, sont parfois méconnaissables.

La description maladivement minutieuse du décor géographique, historique et mythologique ont sans aucun doute perdu plus d'un lecteur.

 

Donc : une excellente lecture et un incontestable chef d'oeuvre du 9ème art ... Mais vous serez prévenus... la lecture n'est pas aisée, manque de fluidité et génère parfois un certain malaise !

Les moins téméraires... se contenteront du film, From Hell, ersatz - certes palpitant - mais très réducteur de l'oeuvre d'Alan Moore et d'Eddie Campbell.

(Et le personnage d'Abberline, incarné par Johnny Depp, y est incontestablement plus séduisant !)

 

 

 

© Alan Moore / Eddie Campbell / Delcourt

 

 

 Tremblez !

 

 

 Jack l'éventreur - François Debois & Jean-Charles Poupard

 

© François Debois / Jean-Charles Poupard / Soleil

Titre : Jack l'éventreur Tome 1

Les liens de sang

Scénariste : François Debois

Dessinateur : Jean-Charles Poupard

Editeur : Soleil

Date d'édition : Mai 2012

 

PITCH DE L'EDITEUR

Nous avons tous en nous une part de folie qui ne demande qu'à être libérée.

Londres 1888.

Le Mal s’abat sur la capitale européenne, un monstre sanguinaire tue et dépèce des prostituées dans les bas-fonds de Whitechapel, on le surnomme Jack l’Éventreur. À Scotland Yard, l’inspecteur Frederick Abberline et son équipe mènent l’enquête. Entre lettres anonymes, dénonciations calomnieuses, milices qui font la loi et le peu d’indices qu’il recueille au fil de ses virées nocturnes, le commissaire s’égare…
D’autant qu’il est secoué par les démons de son passé trouble. George Godley, son assistant, s’interroge sur son supérieur. D’inquiétantes coïncidences l’amènent à penser qu’Abberline est lié à tous ces meurtres…
Tous les deux sont-ils prêts à découvrir l’insoutenable vérité ?

 

 

Dans les coups de coeur de mai dernier, cette version plus abordable du mythe de Jack l'éventreur.

 

L’ambiance : les coupe-gorges, les ombres angoissantes, les ruelles crasseuses, la laideur de la misère et de la prostitution. La ville de Londres de la fin du XIXème siècle est esthétiquement et superbement mise en scène par Jean-Charles Poupard. L'enchevêtrement de ruelles se superpose aux nouvelles constructions urbaines – à noter, la très belle représentation de la construction du pont de la tour de Londres. Si le dessin, très réaliste, est très fidèle au style « franco-belge », la mise en page, le cadrage et le rythme sont saisissants et les quelques digressions expressionnistes sont délectables. 

 

 

 
© François Debois / Jean-Charles Poupard / Soleil Crayonné de Jean-Charles Poupard

 

Les jalons historiques, le contexte social et politique et les principales composantes de l’énigme sont merveilleusement retranscrits… de quoi régaler les amateurs de Jack l’éventreur qui reconnaîtront les victimes, les principaux suspects, les enquêteurs, l’époque, les décors, l’embrasement de la rue mené par la police du peuple.

 

Malgré cette fidélité au cadre historique, les auteurs parviennent à aborder le mythe de Jack l’éventreur à travers un angle de vue nouveau et très prometteur pour le tome suivant qui se fait déjà désirer.

 

L’intrigue est centrée sur le personnage de Frederick Abberline, l’inspecteur en charge de l’enquête.

Alors que la clé de l’énigme semble résolue dès les premières planches, à la lecture du carnet de Frederick Abberline…

« Moi, Frederick Abberline… Je suis Jack l’éventreur »

... le récit s’éloigne très vite de cette possibilité. Les auteurs sèment le doute, ouvrent toutes les pistes, baladent le lecteur et les preuves s’entremêlent.

Et le mystère est aussi inaltéré que frustrant à la fin de ce premier tome...

Une seule piste : les prémices de la psychanalyse cristallisées dans la parution de l’œuvre de R. L. Stevenson, L’étrange cas du Docteur Jekyll et de M. Hyde (écrit en 1886, soit deux ans avant les faits) semblent prendre une place prépondérante dans la suite du récit.

A suivre...

© François Debois / Jean-Charles Poupard / Soleil

 

Découvrez ici une interview du dessinateur, Jean-Charles Poupard et quelques clés inattendues pour la suite de l'énigme...

 

 

Une bande-annonce, malheureusement très courte :

 


Bande annonce Jack l'éventreur Tome 1 par SoleilProductions

  

 

Peter Pan - Loisel

 

© Loisel / Vents d'ouest

Titre : Peter Pan

Scénariste : Régis Loisel

Dessinateur : Régis Loisel

Editeur : Vents d'Ouest

Date d'édition : 23 décembre 1999

 

PITCH DE L'EDITEUR

Régis Loisel a décidé d'éclaircir le mystère autour des origines de Peter Pan et en a imaginé la genèse ; ou comment Peter, un jeune garçon comme les autres, va devenir Peter Pan. Au fil des albums, tous les événements vont progressivement s'emboîter et l'histoire se terminera exactement là où commence le roman de James Mathews Barrie. Une bande dessinée de toute beauté qui laisse éclater toute la magie contenue dans le pinceau de Loisel.

« Mon album est à la croisée de toutes les enfances et son histoire recueille cette substance merveilleuse, alchimie du rêve et de la réalité qui s'envole sans que nous le voulions quand nous devenons grands. Il y a de la magie, de la poésie mais aussi énormément de souffrance et de cruautédans ce monde-là... » Régis Loisel

 

Peter Pan est sans nul doute la version la plus fantastique du mythe de Jack l'éventreur. Et peut-être la plus amère.

Régis Loisel choisit ici de mêler les mythes de Peter Pan et de Jack l'éventreur.

Prenez garde.... derrière son enveloppe féérique, cette version de Peter Pan est atrocement sombre et cruelle, bien plus proche de l'univers littéraire de J.M. Barrie à l'origine du personnage que de l'adaptation cinématographique pour enfants réalisée par Disney.

 

Régis Loisel propose ici de fouiller les origines de Peter Pan : raconter l'histoire de Peter, raconter comment Peter est devenu Peter Pan.

L'auteur lui invente un univers taillé dans le Londres de Dickens et dans une existence de gosse méchamment abimé par la réalité.

La version de Whitechapel est sans doute plus cruelle que les adaptations précédentes car dessinée à travers le regard de l'enfance : la misère y est alors plus âpre, la prostitution plus absurde, l'alcoolisme plus vain...

 

 

Peter tente d'échapper à son quotidien désenchanté et à une mère perverse, alcoolique et violente à travers l'imaginaire des récits mythologiques, des voyages d'Ulysse et des contes d'aventure.

Et, quand la réalité devient trop intolérable... Peter, guidé par la fée Clochette, s'envole au-dessus de Londres et de sa puanteur morbide...

« Incroyable ! Regarde Clochette. Vue d’ici, même la misère devient belle ! Regardez-moi ! Regardez-moi tous ! Je vole ! »

 

...quitte le monde lamentable des adultes... refuse de grandir et choisit d'échapper aux vices et à la misère en se préservant du Grand Gourmand...

« Préserve toi du Grand Gourmand 

- Le Grand Gourmand ?

- C’est le temps fiston !... Le temps ! Il veut, il prend, avale et tout finit par lui appartenir… même cette petite boîte tapie au fond du cœur. Imagine une petite boîte bonbonnière qui ne contiendrait qu’un seul bonbon. Un fabuleux bonbon qui aurait comme goût celui du rêve, comme parfum, celui de l’aventure et comme emballage… l’imaginaire. Mais le temps est implacable, tenace… il a la patience ! il harcèle, tourne, et retourne la boîte dans tous les sens… le bonbon balotté, finit par sortir… Alors… Le Grand Gourmand s’en empare … et avec lenteur… le consomme.

Voilà… le temps est passé… la boîte est toujours là, mais le fabuleux contenu n’est plus… Seul traîne au fond, jauni par le temps, le vieil emballage qui se souvient dans un pâle sourire d’avoir partagé avec ses compagnons, la plus fabuleuse histoire. … Celle d’avoir été un enfant ! 

- Je suis un enfant ! Un enfant ! Un enfant ! Et le Grand Gourmand n’y pourra rien ! »

 

 

... Il rejoint une île imaginaire... où vivent les héros de nos aventures et les symboles de nos mythes, les satyres, les centaures, les elfes, les fées, les gnomes, les korrigans, les sirènes... et les pirates.

« Ici j’vis comme dans les histoires des livres, comme dans mes rêves »

 

C'est dans cette île faite d'imaginaire et de légéreté, où les souvenirs, bons et mauvais, finissent par disparaître, où le temps n'a pas d'emprise, où seuls les rêves perdurent... que Peter deviendra Peter Pan.


C'est très joli tout cela....mais on s'éloigne de Jack ... des meurtres de Mary, Annie, Elisabeth, Catherine....!

 

Les brefs passages de Peter Pan à Londres sont des retours à une réalité qui s'efface de plus en plus derrière son monde imaginaire : la réalité du monde adulte, de la misère, des corps prostitués offerts à la perversité se perd progressivement dans le gouffre de l'oubli.

Mais... les passages de Peter Pan dans la misère de son enfance se confondent curieusement avec une diabolique chronologie de meurtres... sa mère puis.... Mary Nichols, Annie Chapman, Elizabeth Stride, Catherine Eddowes et Mary Kelly.

Des prostituées qui s'offrent au jeune garçon...  retrouvées égorgées et éventrées...

 

La haine de Peter pour un monde adulte vicié et nauséabond...

...le rejet complexe et inavouable d'une mère prostituée....

... cette trousse noire de chirurgien que le gamin trimballe pendant ces séjours londoniens...

... l'habileté de Peter Pan à oublier les bons souvenirs comme les mauvais, les bonnes actions comme les atrocités...

Toutes ces étranges coïncidences font de l'enfant un étrange suspect, une étrange victime...

 

Ces six tomes de Régis Loisel sont incontournables.

Autant pour la qualité de la mise en scène exceptionnelle que pour l'adaptation mêlée, sombre et fantastique, des mythes de Peter Pan et de Jack l'éventreur.

 

 

 

Van Helsing contre Jack l'éventreur - Tome 1 - Tu as vu le diable - Jacques Lamontagne, Sinisa Radovic & Nadine Thomas

 

© Jacques Lamontagne / Sinisa Radovic / Nadine Thomas

Série : Van Helsing contre Jack l'éventreur

Titre : Tome 1 - Tu as vu le diable

Scénariste : Jacques Lamontagne

Dessinateur : Sinisa Radovic

Coloriste : Nadine Thomas

Editeur : Soleil

Date d'édition : 20 juin 2012

 

PITCH DE L'EDITEUR

LE MAL REVÊT PARFOIS DIFFÉRENTS VISAGES…
Deux ans se sont écoulés depuis le jour où Van Helsing enfonça un pieu de chêne dans le coeur de Dracula, mettant ainsi un terme à son règne infernal. Cependant, l’homme n’en est pas sorti indemne. Maintenant installé à Londres, Van Helsing est depuis plongé dans une profonde dépression. Désespéré de voir ainsi son ami prostré dans ses appartements, Abberline, inspecteur à Scotland Yard, lui propose de l’accompagner afin de mener enquête sur une série de meurtres perpétrés dans l’East End par un dément que la presse a surnommé “Jack l’Éventreur”.
Van Helsing finira par accepter. Débutera alors une nouvelle chasse contre le Mal…

 

Dernière adapation, fraîchement arrivée... Et une autre improbable et passionnante rencontre mêlant derechef histoire et littérature.

 

Hiver 1886... dans les Carpates, et dans une symphonie de hurlements de loups, le professeur Van Helsing (personnage créé par Bram Stoker, auteur de Dracula) met fin aux nuits de Dracula...

"Ce jour-là, dans les Carpates, j'ai regardé le Mal dans les yeux. Un regard si froid, si noir, dénué de sentiments humains... Un gouffre dans lequel mon âme s'est perdue."

 

Et, de fait, de retour à Londres, le professeur sombre dans l'emprise maladive de ce regard qui le hante. Et son âme semble agoniser dans la pénombre de sa chambre.

Alors que la morphine et la solitude le condamnent à un triste destin, éclate l'affaire de Jack l'éventreur...

Et, malgré le combat mené contre Dracula, dont le professeur pensait être sorti malade, certes, mais triomphant... le mal surgit à nouveau... au coeur de Londres et frappe sans pitié les prostituées de Whitechapel.

"Le mal est semblable à l'hydre de lerne. Sitôt croit-on l'avoir éradiqué qu'une autre tête repousse, plus vile, plus hideuse que la précédente. Le mal est partout, anonyme... Hypocritement anonyme."

 

Et le professeur s'acharne à combattre l'hydre qui n'a de cesse de le poursuivre.

 

Dans cette adapation, prévue en deux tomes, les auteurs semblent placer le mythe de Jack l'éventreur au coeur d'un combat contre le mal.

Et Jack l'éventreur ne semble pas être ici l'arme d'une vengeance, d'un complot ou d'une névrose psychologique, mais bel et bien l'incarnation du Mal. 

Ce Mal qui ne cesse de renaître de ses cendres et de prendre un nouveau visage, un nouveau corps, une nouvelle force.

 

Ce premier tome s'attache à reconstituer le décor et les personnages et ne donne que peu d'indices sur le meurtrier. Mais il est fort à parier que la clé de l'énigme ne prendra pas le visage d'un homme ...

Si le vampire fut l'une des fugures du mal les plus emblématiques dans la littérature (et dans la bande dessinée)... il semblerait bien que Jack l'éventreur en constitue une nouvelle dans ce diptyque qui s'annonce passionnant !

 

Vivement le second tome !

 

 

En attendant, découvrez ici une interview du scénariste, Jacques Lamontagne.




19/06/2012
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